Les écosystèmes d’Occitanie

Bertrand SCHATZ (CNRS – CEFE)

Classiquement, les analyses cartographiques définissent quatre grands types d’occupation du sol qui par ordre décroissant de surface sont : 1) les zones agricoles ; 2) les forêts et les autres milieux naturels ; 3) les zones urbanisées et artificialisées et 4) les zones humides et les eaux continentales (rivières, lacs, lagunes). En Occitanie, cet ordre est respecté avec au premier rang les surfaces agricoles qui concernent plus de la moitié des surfaces, qui se composent grossièrement pour un tiers de terres arables donc cultivées, un petit tiers de cultures permanentes (vignes, arboriculture) et de prairies et un gros tiers de zones agricoles plus hétérogènes. La carte régionale des orientations agricoles en Occitanie montre avant tout l’importance de l’usage agricole mais aussi de grandes disparités intrarégionales dans ces usages avec principalement de nettes dominances de la viticulture sur la bande littorale (du Gard au nord des Pyrénées- Orientales), de cultures céréalières et d’oléagineux dans les plaines du sud-ouest, et de l’élevage bovin ou ovin/caprin ou de poly-élevage dans les zones montagneuses des Pyrénées et dans le sud du Massif central.

Ainsi, les quatre grands ensembles biogéographiques régionaux correspondent aussi à des usages agricoles différents, en lien avec la ressource en eau, et la nature des sols. La transition écologique de l’Occitanie passe donc par celle de son agriculture, notamment en réduisant la consommation d’eau, l’usage de pesticides et d’engrais et en augmentant la part de l’agriculture biologique et les pratiques agroécologiques pour être plus résilient face aux impacts actuels et futurs des changements climatiques (voir chapitre-enjeu Agrosystèmes).

Viennent ensuite les milieux forestiers avec presque 30 % de la superficie régionale, qui sont surtout présents dans le massif pyrénéen et le sud du Massif central (Cévennes, Haut-Languedoc et autour du Quercy) et se composent essentiellement de forêts privées (voir focus milieux forestiers). Parmi les autres milieux naturels, les milieux caussenards (Grands Causses et Causse du Quercy) sont tout à fait exceptionnels à l’échelle nationale, voire européenne (voir focus milieux secs). Depuis l’après-guerre, il faut noter ici l’embroussaillement généralisé par abandon de pâturage en garrigues et la reforestation par plantation d’essences exotiques (pin noir d’Autriche) et par colonisation d’essence méditerranéenne (pin d’Alep), ces résineux constituant des habitats sensibles au risque d’incendies (Boulant, 2008). De leur côté, les milieux artificialisés regroupent 3,27 % de zones urbanisées auxquels il faut ajouter 0,63 % de zones industrielles et commerciales, 0,17 % d’espaces verts artificialisés, et 0,13 % des mines, décharges et chantiers. Donc un total de 4,2 %, correspondant souvent à des zones d’îlots de chaleur et de vulnérabilité aux inondations du fait de leur imperméabilisation. Enfin, les zones humides et les eaux continentales représentent 0,8 %, avec une proportion notable des lagunes côtières.

Entre 1998 et 2019 et par rapport à l’échelle nationale (France métropolitaine), l’Occitanie a conservé plus de forêts et de zones (semi)-naturelles (+9,4 %) et reste globalement moins agricoles (-7,8 %) et moins urbanisées (-1,8 %). Ces différences s’expliquent surement par l’importance des massifs montagneux régionaux, mais elles cachent aussi de grosses disparités entre départements. Le Gers est agricole sur plus de 80 % de son territoire (plus de 70 % pour le Tarn-et-Garonne), alors que la Lozère est forestière/naturelle à plus de 70 % (proche de 70 % pour les Pyrénées Orientales et l’Ariège). La Haute-Garonne, suivie de l’Hérault et du Gard sont les plus urbanisés, et les quatre départements du littoral regroupent la majorité des eaux continentales par la présence des lagunes côtières.

Certains habitats bénéficient d’une reconnaissance internationale comme les habitats d’intérêt communautaires par l’Union européenne (directive habitats), mais aussi les sites Ramsar (voir focus zones humides). L’UICN a aussi récemment étendu son système de listes rouges aux écosystèmes, en commençant par les littoraux méditerranéens de France métropolitaine (UICN 2020) ; l’Occitanie est directement concernée par le classement d’écosystèmes en danger (EN) des « dunes blanches méditerranéennes » et les classements en écosystèmes vulnérables (VU) de plusieurs milieux du littoral.

Aller plus loin :

  • Orientations agricoles en Occitanie (carte 51 de la cartothèque de la démarche H2O 2030, en ligne)
  • Occupation du sol en Occitanie (carte 47 de la cartothèque de la démarche H2O 2030, en ligne)

Troupeau pâturant sur une prairie naturelle, un habitat en régression en Aubrac. Crédit photo : B. Schatz.