Focus zones humides

Bénédicte GOFFRE (ARB Occitanie)

Les zones humides en Occitanie couvrent une superficie d’environ 100 000 hectares, soit 1,5 % de la surface régionale (figure 2.2). Environ 50 000 zones humides sont inventoriées, parmi lesquelles 70 % ont une surface inférieure à 1 ha. Une plus forte densité de zones humides, avec notamment des surfaces plus importantes, est observée en tête de bassin versant, en zones de montagne et sur le littoral. Les zones humides, à l’interface entre l’eau et la terre sont des milieux riches en termes de biodiversité qui abritent le plus souvent une biodiversité patrimoniale. Ainsi, certaines espèces inféodées aux zones humides figurent dans les plans régionaux d’actions (jacinthe de Rome) ou dans la déclinaison régionale des Plans nationaux d’action : naïades (moule perlière et grande mulette), l’azuré des mouillères (lépidoptère), la cistude d’Europe et l’émyde lépreuse (reptiles), desman des Pyrénées (mammifère endémique).

Il existe en Occitanie une très grande diversité de types de zones humides : tourbières, prairies humides, zones humides alluviales, roselières, prés salés, fourrés halophiles, landes humides, etc, les prairies humides étant les plus fréquentes (plus de 60 % des cas). Se retrouvent à des fréquences moindres les tourbières, bas-marais et près para-tourbeux, les forêts alluviales, les mégaphorbiaies et ourlets hygrophiles, les végétations des sources et parois suintantes ou encore les habitats halophiles. La compilation régionale des zones humides a ainsi révélé plus de 250 habitats naturels différents. Ces milieux assurent des fonctions écologiques importantes en étant des éponges naturelles capables de stocker l’eau lors de crues et de la restituer en période sèche, des filtres naturels participant à l’épuration de l’eau, et des lieux de reproduction et de développement de la faune et de la flore aquatique.

La région Occitanie compte actuellement cinq sites Ramsar : la Camargue (depuis 1966), la petite Camargue fluvio-lacustre (depuis 1996), les étangs de la Narbonnaise (depuis 2006), les étangs palavasiens (depuis 2008) et l’étang de Salses-Leucate (depuis 2017). La labellisation Ramsar est une reconnaissance de l’importance internationale d’une zone humide et vient récompenser la richesse écologique ainsi que les actions de gestion durable engagées depuis plusieurs années par les acteurs locaux. Cependant, ces zones humides constituent un milieu particulièrement vulnérable et soumis depuis plusieurs décennies à de fortes pressions notamment en matière de destruction et dégradation d’habitats. A l’échelle nationale, près de 67 % des zones humides métropolitaines ont disparu depuis le début du XXe siècle, dont la moitié entre 1960 et 1990. Cette perte d’habitat est principalement liée à l’artificialisation des sols et aux pratiques agricoles, notamment le drainage. Les zones humides sont également affectées par la fragmentation du territoire et la perte de connectivité biologique, notamment lorsqu’elles sont en lien avec un cours d’eau. Il existe aussi 74 000 km de cours d’eau en Occitanie dont les principaux bassins fluviaux sont ceux du Rhône, de l’Adour, de la Garonne et plus localement de la Loire. Ils offrent des habitats indispensables pour de nombreuses espèces aquatiques animales et végétales, dont quelques espèces rares comme l’euprocte des Pyrénées, ou l’écrevisse à pattes blanches. Certaines espèces endémiques, comme le chabot du Lez, sont d’intérêt majeur. Les zones humides sont également soumises aux effets du changement climatique par la réduction de la pluviométrie et l’assèchement des sols. Les lacs et les tourbières de haute montagne sont particulièrement vulnérables face au changement climatique. Les principaux effets envisagés sur ces milieux sont liés à l’altération des caractéristiques physico-chimiques et biologiques en réponse à des variations de la disponibilité de l’eau et une élévation des températures, celleci influant non seulement sur le réchauffement de l’eau mais aussi sur la durée de l’englacement et de la couverture neigeuse. Les changements dans le cycle de gel/ dégel auront également des effets sur l’abondance de certaines communautés et sur la composition chimique des eaux (voir chapitre-enjeu Milieux montagnards).

À l’inverse, le rôle de ces écosystèmes comme outil d’adaptation ou d’atténuation reste encore mal connu et sous-considéré. Lorsqu’elles ne sont pas dégradées, les zones humides peuvent avoir une fonction d’atténuation des effets du changement climatique en participant à la régulation du climat par la réduction du niveau des émissions de gaz à effet de serre (par exemple la séquestration du carbone par les tourbières, les marais salants). Elles ont également un intérêt pour l’adaptation au changement climatique en protégeant les territoires des inondations, des sécheresses et des tempêtes côtières. Par exemple, les zones inondables intactes contribuent à limiter les risques d’inondation en emmagasinant l’eau en période de crue, puis en la libérant progressivement dans les rivières.

Crédit photo : ARB Occitanie (V. Meslier)

Figure 2.2. Carte de répartition en Occitanie des milieux aquatiques et des zones humides.
(Source : DREAL Occitanie, 2018, inventaire Adour, 2018, inventaires départementaux. Réalisarion : ARB Occitanie, 2021)