Bertrand SCHATZ (CNRS – CEFE)
L’autre solution pour la conservation de la biodiversité est de protéger les espaces où elle se trouve. Dans cet objectif, l’Occitanie s’est dotée de plusieurs niveaux de protection correspondant à trois dispositifs nationaux. Le premier regroupe les protections réglementaires qui comprend les parcs nationaux fédérés par l’OFB, avec en région le Parc national des Cévennes et le Parc national des Pyrénées (5 % du territoire régional), qui ont chacun une zone coeur de protection maximale et une zone d’adhésion où les communes volontaires s’engagent dans une politique de développement durable, en appui à la protection de la zone coeur. L’Occitanie comprend également 17 réserves naturelles nationales (20 187 ha, soit 0,28 % du territoire) et 13 réserves régionales (11 547 ha, soit 0,15 % du territoire), auxquelles s’ajoutent les 21 réserves biologiques (dirigées ou intégrales) domaniales portées par l’ONF (5056 ha), les réserves nationales de chasse et de faune sauvage et la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls (650 ha), première réserve marine française, entre Banyuls-sur- Mer et Cerbère dans les Pyrénées-Orientales. Il existe aussi différents dispositifs sur des secteurs de taille plus modeste comme les APPB (Arrêté préfectoral de protection de biotope ou de géotope), les sites classés et les sites inscrits, les opérations Grands Sites et les Grands Sites de France (40 en Occitanie), avec en plus 88 sites UNESCO et plusieurs zones humides réglementées.
Le deuxième groupe correspond à la protection contractuelle des espaces naturels. Il s’agit tout d’abord des 7 parcs naturels régionaux (PNR) d’Occitanie qui couvrent 22,74 % du territoire (16 537 km²) (sans compter le projet de PNR Comminges-Barousse-Pyrénées) : le PNR des Causses du Quercy, le PNR des Pyrénées Ariègeoises, le PNR des Pyrénées Catalanes, le PNR de la Narbonnaise, le PNR du Haut-Languedoc, le PNR des Grands Causses et les récents PNR d’Aubrac et PNR Corbières- Fenouillèdes. A noter la remarquable continuité écologique de protection, unique en France, des PNR d’Aubrac, des Grands Causses et Haut-Languedoc et du PN Cévennes. Ces PNR se forgent autour d’identités territoriales et d’espèces emblématiques et assurent un objectif de développement durable d’activités humaines compatibles avec la biodiversité dans des territoires en grande partie ruraux. Très similaire dans son fonctionnement, le parc naturel marin du Golfe du Lion s’étend sur 4000 km² et regroupe 12 communes littorales du Roussillon et du Languedoc. De leur côté, les zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF de type 1 ou 2 ou en milieu marin) ont pour objectif d’identifier et de porter à connaissance les secteurs présentant de fortes capacités biologiques et un bon état de conservation. La région Occitanie compte 1819 ZNIEFF terrestres de type 1, 255 ZNIEFF terrestres de type 2 et 8 ZNIEFF marines.
Les périmètres des ZNIEFF terrestres couvrent 32 500 km² environ (44 % du territoire mais qui peuvent se superposer à d’autres protections d’espaces). Il existe enfin 264 sites Natura 2000 (répartis sur les quatre zones biogéographiques distinctes) couvrant 29 % de l’Occitanie ; ils incluent 215 espèces d’intérêt communautaire, mais aussi des zones de protection spéciale (ZPS), ciblant la conservation d’oiseaux sauvages et des zones spéciales de conservation (ZSC) ciblant celle d’autres espèces et d’habitats.
Le troisième groupe comprend les protections par maitrise foncière. Il concerne le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres qui était propriétaire de 14 400 ha en Occitanie (fin 2017), soit 25 % du linéaire côtier et lagunaire de la zone méditerranéenne. Il a des missions de préservation de la biodiversité, de maintien des activités traditionnelles, de gestion des flux touristiques et de limitation de l’urbanisation littorale. Le conservatoire d’espaces naturels (CEN) d’Occitanie a un statut associatif, intégré au réseau national qui agit en faveur de la biodiversité par le biais d’acquisition des terres sur lesquelles sont établies des conventions de gestion valorisant cinq axes complémentaires : connaître, protéger, gérer, valoriser et accompagner. Le CEN d’Occitanie gère actuellement plus de 30 000 ha sur plus d’une centaine de sites, avec près de 1000 ha en propriété/emphytéose. Une autre protection de ce type correspond aux Espaces Naturels Sensibles (ENS), acquis régulièrement par chaque département et dotés de conventions de gestion. A noter ici l’émergence des ORE (Obligations Réelles Environnementales) permettant la création de servitudes environnementales (pour la protection et suivi d’espèces ou d’habitats) par acte notarié en évitant l’expropriation.
Au final, la distinction des quatre grands ensembles régionaux montre que les outils et dispositifs de protection des espaces naturels sont très présents au sud dans l’ensemble des Pyrénées et au nord dans le Massif central alors qu’à l’est le littoral ne comporte qu’un seul PNR, et qu’à l’ouest en Midi-Pyrénées aucune protection majeure n’existe. Cette situation déséquilibrée reflète la répartition des zones de réservoir de biodiversité et celles des zones agricoles ; elle permet cependant de couvrir les zones réservoirs de biodiversité définies dans le SRCE et la grande majorité des espèces à enjeux, avec globalement une proportion importante de la superficie de l’Occitanie concernée par une zone de protection des espaces naturels.
Aller plus loin : Cartes 35 à 37 de la cartothèque de la démarche H2O 2030, en ligne.