La diversité biologique en Occitanie

Bertrand SCHATZ (CNRS – CEFE)

L’Occitanie a une histoire plurimillénaire de présence humaine ayant modelé les paysages, eux-mêmes associés à des géologies variées. C’est la seule région française à présenter quatre domaines bioclimatiques : méditerranéen près du littoral, montagnard dans les Pyrénées, continental au nord dans le Massif central et atlantique à l’ouest en Midi-Pyrénées. La flore y est ainsi particulièrement diversifiée avec de nombreuses espèces endémiques, donc à aire de distribution restreinte. L’ensemble de ces particularités biogéographiques et floristiques forme des paysages marqués et diversifiés expliquant la présence d’une biodiversité exceptionnelle. C’est une des régions de France métropolitaine les plus riches en biodiversité et les plus diversifiées en termes d’habitats. Elle fait également partie du bassin méditerranéen, reconnu comme un des 34 points chauds de biodiversité à l’échelle mondiale.

Le nombre d’espèces animales par groupe taxonomique présent en Occitanie est important, et représente une large proportion de celles présentes en France métropolitaine (Blondel et al., 2010). Plusieurs groupes taxonomiques d’espèces animales présents en Occitanie représentent plus de 80 % des espèces de France métropolitaine. Pour les espèces végétales, le nombre d’espèces recensées en Occitanie (uniquement les espèces indigènes) est de 4401 pour la flore vasculaire, 980 pour les bryophytes (mousses), 35 pour les charophytes (algues). Ainsi, l’Occitanie a une responsabilité patrimoniale face aux autres régions pour la conservation de l’ensemble ces espèces et des écosystèmes face aux changements globaux en cours, dont notamment les changements climatiques. Le recensement de notre connaissance sur les espèces régionales est encore loin d’être exhaustif, notamment sur les insectes, la fonge, la faune et la flore marine.

À ces chiffres, il faut ajouter les espèces exotiques envahissantes (EEE), plus ou moins importantes selon les groupes taxonomiques. Ces EEE menacent souvent les espèces locales rares ou vulnérables en occupant leur habitat et perturbe parfois considérablement le fonctionnement des écosystèmes. Par exemple, l’étang de Thau est à présent colonisé par des macro-algues exotiques, ce qui menace directement cet écosystème naturel mais aussi les activités économiques locales comme la conchyliculture (voir chapitre-enjeu Milieux littoraux). La région Occitanie reste très riche en biodiversité parfois unique à l’échelle nationale comme pour l’isard, le bouquetin ibérique, le desman des Pyrénées (présent aussi en Nouvelle Aquitaine), l’ours brun, trois espèces de poissons (chabot du Lez, chabot de l’Hérault, vairon de Septimanie), les trois lézards pyrénéens (de Bonnal, du Val d’Aran et d’Aurélio), l’euprocte des Pyrénées, 30 espèces de mollusques dont la moitié rattachée aux milieux souterrains, plusieurs plantes endémiques (comme l’alysson des Pyrénées, l’aster des Pyrénées, l’ophrys de l’Aveyron, l’ophrys d’Aymonin, la ligulaire de Sibérie), mais aussi quelques espèces de libellules, de papillons, de coléoptères et d’hyménoptères. Les espèces endémiques se concentrent dans les Pyrénées, le sud du Massif central (Cévennes, Grands Causses) et à un moindre degré sur le littoral. Certaines espèces ont bénéficié de programmes de réintroduction comme l’ours, le castor, le gypaète barbu, les vautours fauves et moines, le chamois et le bouquetin ibérique, donc surtout de grandes espèces emblématiques et pas encore suffisamment sur des espèces plus discrètes.

En décembre 2020, presque 5 millions de données naturalistes (4 740 456 données faune-flore mutualisées) sont regroupées dans le SINP Occitanie (SINP : Système d’Information de l’Inventaire du Patrimoine Naturel). Développé par la DREAL Occitanie et opérationnel depuis 2020, le SINP régional est une organisation collaborative décentralisée dont l’objectif est de mutualiser toutes les données d’observation de biodiversité (faune, flore, fonge). À cette date, ces informations sont majoritairement issues des associations (61 %), puis des entreprises (bureaux d’étude) (23 %), des collectivités territoriales (12 %) alors que les parcs nationaux et les laboratoires ne fournissent chacun que 2 % des données. Les sciences participatives concernant plusieurs groupes taxonomiques sont aussi de grandes pourvoyeuses d’informations naturalistes. Cette structure s’inscrit dans le défi n°4 de la Stratégie régionale pour la biodiversité : mieux connaître, mieux partager pour mieux agir individuellement et collectivement.

Aller plus loin :

  • Évolution de la connaissance sur la biodiversité.
  • Panorama de la biodiversité en Occitanie.

L’ophrys d’Aymonin est endémique des plateaux calcaires de la région des Grands Causses. Protégée dans l’ex-région de Midi-Pyrénées mais pas en ex-Languedoc- Roussillon, cette espèce est menacée et mériterait une protection régionale en Occitanie. Crédit photo : B. Schatz.