Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) : une diversité d’options pour l’adaptation au changement climatique

Morgane VILLETARD (ARB Occitanie)

Les Solutions fondées sur la Nature (SfN) désignent « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité » (définition de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature – UICN, figure 2.12). Certaines d’entre-elles permettent de répondre plus spécifiquement au défi de l’adaptation au changement climatique ; elles sont nommées les Solutions d’adaptation fondées sur la Nature (SafN).

Les trois types d’actions relevant des SfN, au regard de la définition de l’UICN, s’appuient donc sur les écosystèmes naturels qui, lorsqu’ils sont sains, résilients, fonctionnels et diversifiés, délivrent des services écosystémiques favorables à l’adaptation au changement climatique de nos territoires. Ces actions sont plus précisément :

  • La préservation d’écosystèmes fonctionnels et en bon état écologique (p. ex. : préservation de zones humides pour, entre autres, lutter contre les inondations et garantir un meilleur accès à l’eau) ;
  • L’amélioration de la gestion d’écosystèmes pour une utilisation durable par les activités humaines (p. ex. : végétalisation des rangs ou inter-rangs des vignes pour, entre autres, maintenir l’humidité du sol, diminuer les pertes d’éléments minéraux, limiter le ruissellement ou encore abriter des auxiliaires de culture) ;
  • La restauration d’écosystèmes dégradés ou la création d’écosystèmes (p. ex. : la restauration d’herbiers de posidonies pour, entre autres, amortir la force des houles et ainsi protéger les plages de l’érosion).

C’est en 2009 que le concept de Solutions fondées sur la Nature a émergé, sous l’impulsion de l’UICN, lors de la conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Copenhague. Ce concept a été développé notamment dans l’objectif de regrouper sous la même bannière une multitude d’actions liées à des concepts très proches : l’ingénierie écologique, la restauration écologique, les infrastructures vertes, la gestion intégrée, etc. Ainsi, nombre de SfN font référence à des pratiques qui existent déjà ; certaines depuis longtemps (p. ex. : gestion souple des dunes littorales).

L’intérêt des SfN réside donc moins dans la proposition de pratiques nouvelles que dans la mise en visibilité et la mise en valeur de pratiques existantes aux multiples bénéfices (encore trop peu connus), pour faire contrepoids au recours dominant aux pratiques d’ingénierie classiques. L’objectif est donc d’inverser le schéma actuel pour considérer les SfN non plus comme des alternatives mais comme la première option à considérer.

Parmi leurs multiples bénéfices, les SfN présentent l’intérêt de concourir aussi bien aux enjeux relatifs à l’adaptation au changement climatique qu’à ceux relatifs à la préservation, protection et restauration de la biodiversité tout en apportant également de nombreux co-bénéfices sociaux et économiques (maintien des paysages, amélioration du cadre de vie et de la santé humaine, création d’activités de loisir et de tourisme, maintien des activités économiques liées à l’agriculture, la pêche ou la sylviculture…). De plus, ces solutions représentent une alternative efficace, économiquement viable et durable, souvent moins coûteuse à long terme que des investissements technologiques ou la construction et l’entretien d’infrastructures grises. Par leur flexibilité, réversibilité et adaptabilité elles permettent d’éviter les impacts sur les milieux naturels et ainsi d’évoluer pour s’adapter aux incertitudes climatiques et au contexte local.

Ainsi, par leurs nombreux bénéfices, ces solutions font l’objet d’une attention croissante de nombreux acteurs tels que l’État, les scientifiques, les collectivités territoriales, les entreprises, les ONG et associations, etc. Preuve en est avec le projet Life intégré ARTISAN (Accroître la Résilience des Territoires au changement climatique par l’Incitation aux Solutions d’Adaptation fondées sur la Nature), piloté par l’Office Français de la Biodiversité et s’appuyant sur 27 bénéficiaires associés, dont l’objectif est de créer en huit ans (2019-2027) les conditions d’une généralisation du recours aux SafN à l’échelle de la France. Pour ce faire le projet se déploie sur trois échelles : nationale, régionale et locale.

En Occitanie, c’est l’Agence Régionale de la Biodiversité Occitanie qui anime le déploiement régional du projet ARTISAN avec l’arrivée d’une animatrice régionale en septembre 2020 et l’appui de l’Office Français de la Biodiversité et de la Région. L’Occitanie accueille également un des 10 sites pilotes du projet ARTISAN : le Parc Naturel Régional des Pyrénées-Ariégeoises. Celui-ci travaille spécifiquement sur l’intérêt des SafN pour l’adaptation des forêts de son territoire au changement climatique ; forêts qui constituent plus de 55 % du PNR.

Aller plus loin :

  • Standard mondial de l’UICN pour les Solutions fondées sur la Nature, publié en juin 2020.
  • Site du projet Life intégré ARTISAN.

Figure 1.2. Les SfN, un concept englobant diverses approches fondées sur les écosystèmes.
(Source : UICN France, 2018)