Prévoir des changements irréversibles des paysages

Certains espaces sont particulièrement spécifiques aux milieux montagnards et représentent des atouts culturels, touristiques et patrimoniaux incontournables, tels que les glaciers, les paysages enneigés, les forêts ou encore les lacs d’altitude.

L’étude des changements climatiques, observés depuis près d’un siècle, montre des modifications conséquentes du paysage, transformant alors les perceptions que peuvent avoir les habitants et les touristes de ces milieux, et portant atteinte aux « valeurs culturelles » portées par ces territoires (GIEC, 2019).

Les changements climatiques contribuent également à créer de nouveaux écosystèmes, notamment par les processus de thermophilisation. Ce déplacement de la zone de distribution des espèces faunistiques et floristiques (vers une altitude ou une latitude plus élevée) intervient comme une adaptation aux nouvelles conditions climatiques. Ainsi, certaines espèces végétales méditerranéennes apparaissent, des espèces animales migratrices deviennent sédentaires, etc.

Combinés à d’autres facteurs anthropiques, ces changements conduisent à une homogénéisation du paysage qui, par sa moindre diversité, devient moins résilient aux évènements extrêmes et aux changements induits par les modifications du climat.

Glaciers

Les glaciers des Pyrénées présentent un retrait spectaculaire qui a débuté depuis la fin du XIXe siècle et s’est considérablement intensifié à la fin du XXe siècle. A l’échelle de la région, les neufs glaciers des Pyrénées françaises ne représentent aujourd’hui plus que 79 hectares, contre 140 hectares il y a seulement 17 ans et 450 hectares au milieu du XIXe siècle. Dans le Luchonnais, le glacier du Seil de la Baque a perdu 90 % de sa surface en 150 ans. Le deuxième plus grand glacier des Pyrénées, avec 145 hectares, s’étendait du Portillon d’Oô à l’est au Port d’Oô à l’ouest, sans discontinuité. Aujourd’hui, il ne compte plus que 16 hectares, en trois zones distinctes.

Le glacier d’Ossoue (Hautes-Pyrénées) fait l’objet d’une analyse de son évolution depuis 2001 par l’Association Moraine en termes de « bilan de masse » (figure 7.9 et 7.10), qui figure dans les indicateurs suivis par l’ Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC). Entre 1924 et 2019, le glacier d’Ossoue s’est raccourci de 590 m. Sa surface est passée de 90 à 32 hectares, soit 64 % de perte. Sur la même période, la perte d’épaisseur est estimée à environ 80 m (ONERC, 2020). Ce glacier s’est fortement contracté depuis près d’un siècle et ce de manière presque continue. L’évolution du bilan de masse (figure 7.10) montre que l’ablation (perte de masse estivale) est toujours supérieure à l’accumulation (gain de masse hivernal).

Figure 7.10. Bilan de masse du glacier d’Ossoue depuis 2001. (Source : Association Moraine).