Faire face aux changements au niveau de la productivité et de la qualité des cultures et saisir les opportunités émergentes

Sur le versant français des Pyrénées, l’agriculture emploie 8,4 % de la population (OPCC, 2018). Ce secteur représente un potentiel économique majeur pour le territoire, fournit des services écosystémiques (production de ressources, protection de la biodiversité, stockage du CO2) tout en étant également considéré comme une ressource paysagère.

Dans le Massif central, ce secteur représente 4,5 % de la part totale des salariés (3,7 % à l’échelle nationale) et plus de 8 % des actifs. 85 % du territoire du Massif est voué à l’élevage d’herbivores avec 38 % des exploitations orientées en bovins viande, 20 % en bovins lait et 16 % en ovins/caprins (répartition des exploitations par l’Orientation technico-économique des exploitations agricoles). Avec 4,4 millions de têtes (57 % du cheptel national), l’élevage bovin est l’activité dominante (SIDAM).

Ces paysages agricoles représentent des ressources paysagères et patrimoniales pour le territoire et contribuent à la préservation des milieux montagnards. Toutefois, les changements climatiques entraînent, pour ces activités, des situations de stress thermique, hydrique, des risques hydrologiques et de pertes de terres exploitables et cultivables, et la prolifération de maladies et d’espèces nuisibles envahissantes.

La capacité de production des cultures est fortement conditionnée par deux facteurs : la température et la quantité d’eau disponible dans le sol. Les changements climatiques influencent directement les deux variables, pouvant entraîner des effets négatifs sur la quantité et la qualité de la production finale.

Les principaux impacts des changements climatiques sur l’agroécosystème Occitan de moyenne et haute montagne se caractérisent par une diminution de la production en raison du stress thermique et hydrique accru subi par les cultures, une potentielle perte de terres agricoles en raison de l’augmentation des risques hydrologiques, et un risque important de propagation de parasites et de ravageurs.

Des changements agro-phénologiques ont également été relevés dans les cultures : la hausse progressive des températures moyennes provoque l’avancement d’une partie importante du calendrier agricole, et a provoqué en particulier l’avancée de la date de floraison et de récolte de nombreuses cultures.

Néanmoins, des effets positifs pourraient être observés grâce à l’effet fertilisant du CO2 atmosphérique et l’allongement de la saison de croissance.

De même, des changements dans le régime thermique, en particulier à haute altitude, peuvent également représenter des opportunités. De nouvelles cultures (d’origine méditerranéenne notamment, telles que la vigne ou l’olivier) pourraient trouver dans les milieux montagnards d’Occitanie des conditions adéquates pour se développer (Ponti et al., 2014).

Aussi, des recherches en cours (INRAE, 2021) étudient les capacités d’adaptation des plantes, notamment le ray-grass anglais (graminée fourragère couramment utilisée en France), déjà menacé par les changements climatiques dans le Sud de la France. Des stratégies de migration « assistée », accompagnées de méthodes de gestion appropriées des prairies et de la création de nouvelles variétés de ray-grass pourraient permettre de conserver cette espèce et la rendre plus résiliente aux aléas climatiques.

En haute montagne, les pelouses sont une ressource essentielle pour l’économie du territoire et rendent de nombreux services écosystémiques à la société (séquestration du carbone, entretien de la biodiversité, ressource paysagère (Leip et al., 2015).

L’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, la hausse de la température moyenne de l’air qui en découle, ainsi que les changements du régime saisonnier des précipitations et la plus grande fréquence et intensité des événements climatiques extrêmes, pourraient avoir des conséquences considérables sur les pâturages, provoquant des impacts positifs ou négatifs et de différente ampleur selon les zones concernées (OPCC, 2018).

Les changements climatiques favorisent la propagation de certaines espèces herbacées et d’arbustes très compétitifs et déplacent les autres espèces, provoquant une perte de diversité floristique des pelouses. D’autre part, ces changements agissent en synergie avec l’actuelle tendance de dégradation des agro-écosystèmes et l’abandon progressif de l’agropastoralisme de haute montagne dans de nombreuses zones des Pyrénées.