Améliorer les niveaux de préparation et de prévention face aux risques naturels

Les aléas naturels typiques des zones de montagne se déclenchent sous l’effet d’événements météorologiques (précipitations intenses ou prolongées de pluie ou de neige, cycles de gel/dégel, fortes chaleurs, etc.) et vont affecter les territoires qui y sont exposés et sur lesquels sont implantées des activités socio-économiques.

C’est la rencontre du phénomène naturel (type, intensité, période de retour à la normale), l’exposition et la vulnérabilité des systèmes socio-économiques concernés (habitats, voies de circulation et autres aménagements urbains, occupation des sols, activités économiques…), et l’impact des changements climatiques sur les caractéristiques de l’aléa qui déterminera alors le niveau de risque naturel (affaissements, glissements de terrain, éboulements, crues, inondations…).

La plus grande variabilité climatique et l’intensification de certains phénomènes météorologiques (sécheresses, précipitations extrêmes ou canicules) sont associées à une fréquence et intensité plus importantes des aléas naturels typiques des zones de montagne.

A ce jour, même s’il reste difficile de corréler scientifiquement l’augmentation des températures et de ces évènements extrêmes, le constat montre une augmentation significative de leur survenue sur les dernières années. Par exemple, on observe une augmentation significative des chutes de blocs sur le versant nord-ouest du Vignemale associée à une dégradation du pergélisol (Rico et. al., 2017 dans OPCC, 2018).

Une étude récente (Bernardie et al., 2021) montre que l’occurrence des glissements de terrain dans les Pyrénées françaises pourrait augmenter de 1,5 (entre 2021 et 2050) à 4 fois (entre 2071 et 2100) dans le cas du scénario RCP8.5. Cette augmentation est le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs qui ne se limitent pas aux changements climatiques, tels que le type d’occupation des sols, l’humidité du sol, la présence plus ou moins importante de végétation et d’espaces boisés (qui peut augmenter la stabilité du sol grâce aux racines des arbres, mais aussi la réduire par son poids).

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L’étude montre que les glissements de terrain peu profonds sont généralement causés par des pluies plutôt courtes mais dont l’intensité est plus forte, alors que des glissements de terrain plus profonds sont davantage causés par des changements de long terme (modification des niveaux mensuels des précipitations, des niveaux saisonniers de l’enneigement…). Ces phénomènes naturels menacent la sécurité des habitants du territoire et des touristes, mais aussi l’intégrité du paysage, qui est parfois modifié de manière irréversible.

Si les Pyrénées ont jusqu’alors été relativement épargnées par les grands incendies grâce au taux d’humidité assez élevé des combustibles, elles y sont de plus en plus exposées aujourd’hui. Plusieurs phénomènes expliquent cette augmentation ; la quantité de combustible a augmenté en raison de l’abandon progressif de l’agropastoralisme, causant un embroussaillement des zones pastorales de moyenne et haute montagne. Ces combustibles sont plus secs et plus inflammables à cause des épisodes de sécheresse et de la diminution du manteau neigeux, qui permettait jusqu’à alors d’emmagasiner un certain niveau d’humidité dans le sol et les végétaux et protégeait la végétation du soleil pendant une période de l’année.

La pratique très ancienne de l’écobuage peut également être responsable d’importants incendies de forêts et fait l’objet d’une attention et une réglementation particulière afin de limiter les risques d’emballement de ces feux. Dans les Cévennes, le risque incendie devrait augmenter dans les décennies à venir malgré une gestion des feux renforcée qui a montré des résultats efficaces dans les années 1990. Aujourd’hui, on constate un risque croissant d’incendies dits « convectifs », qui sont des feux induits par des conditions chaudes et sèches. Le nombre de jours qui présentent ces caractéristiques météorologiques, avec un Indice Forêt Météo (IFM) supérieur à 30, devrait doubler dans le cas du scénario RCP4.5 et tripler dans le scénario RCP8.5 d’ici la fin du siècle (GREC-Sud et RECO, 2020). Enfin, au-delà du risque que font courir les incendies aux biens et aux personnes, ils peuvent affecter la capacité des forêts à maîtriser ou réduire les aléas naturels.