Accompagner les acteurs du territoire pour affronter la pénurie d’eau et les sécheresses

La ressource en eau est présente dans différents espaces des milieux montagnards et sous différentes formes (glaciers, manteau neigeux, fleuves, rivières, lacs, tourbières, zones inondées et aquifères). Au fil des saisons, les phénomènes de précipitation, évapotranspiration, écoulement de surface, infiltration et recharge des eaux souterraines se succèdent et constituent le bilan hydrologique. Ces phénomènes déterminent les quantités et la répartition de la ressource en eau entre les réservoirs superficiels et souterrains.

Les changements climatiques perturbent ces processus naturels et altèrent la qualité et la disponibilité de la ressource en eau. Les montagnes d’Occitanie ont une importance majeure pour les ressources en eau, car c’est au niveau des têtes de bassins versants qu’est constituée une part très importante des débits de surface et des eaux souterraines qui sont utilisées en aval dans les bassins de l’Adour ou de la Garonne.

Modifications des débits totaux et de la quantité d’eau de surface

Les données empiriques, par le biais de l’étude des séries instrumentales du réseau de stations hydrométriques couvrant les Pyrénées, montrent des signes de changement dans les contributions moyennes annuelles des rivières des Pyrénées au cours des dernières décennies.

Dans les sous-bassins pyrénéens du Têt et du Tech, une diminution significative des flux annuels dans la plupart des stations hydrométriques a été constatée (Lespinas et al., 2009 ; 2014). Cependant, l’attribution des baisses de débit dans les cours d’eau, c’est-à-dire l’identification de leurs causes, climatiques et non climatiques, reste encore difficile à déterminer (Begueria et al. dans OPCC, 2018).

Malgré cela, l’utilisation de modèles de simulation hydrologique permet aussi d’estimer l’évolution future des débits annuels face à divers scénarios de changements climatiques. Pour l’Ariège, il a été estimé une baisse d’environ 20 % des débits annuels et saisonniers pour la période 2055-2065 par rapport à la période de référence 1985-1995 (Caballero et al., 2007), en considérant un scénario d’augmentation de la température moyenne de 2 °C. Dans les Cévennes, le constat est identique, les scénarios prévoient une diminution des débits estivaux (environ 30 %) et hivernaux (entre 10 et 15 %) d’ici la fin du siècle, une augmentation du risque de sécheresse agricole (déficit en eau dans les sols), mais aussi une diminution des débits d’étiages et une hausse de l’évapotranspiration (GREC-Sud et RECO, 2020).

Diminution de l’enneigement et précocité de la fonte nivale

L’augmentation des températures provoque une moindre fréquence des épisodes de neige en moyenne montagne, une augmentation des précipitations hivernales sous forme de pluie jusqu’à des altitudes de plus en plus élevées ainsi qu’une apparition précoce de la fonte nivale (Lopez-Moreno et al., 2020). Les projections sur le régime d’écoulement des rivières montrent une hausse des débits en hiver et une diminution au printemps (aujourd’hui soutenus en cette période par la fonte nivale, dont le pic apparait plus tôt dans l’année) et en été à cause d’une diminution des précipitations (OPCC, 2018).

Les projections climatiques indiquent une augmentation de ces tendances, avec une réduction importante de l’accumulation de neige, qui, dans le dernier quart du XXe siècle, pourrait atteindre -78 % en dessous de 1500 m (OPCC, 2018) selon la moyenne des modèles employés et le scénario RCP8.5.

Risque d’étiages plus prononcés

Une tendance négative généralisée a été constatée sur les débits en période d’étiage pour la période 1968-2008 dans les Pyrénées (Giuntoli et Renard, 2010). En plus des périodes de sécheresse plus longues et plus sévères, la diminution des débits d’automne (saison de l’année dont la tendance négative est particulièrement significative sur l’ensemble du territoire) provoque l’allongement de la période des étiages (OPCC, 2018). L’effet combiné des changements climatiques et des différents types d’occupation des sols dans le futur accentuerait ces changements (Boé et al., 2009).

Des simulations sur la période 2046-2065 comparées à la période de référence 1970-1999 montrent des réductions générales du débit de l’Ariège, plus marquées au printemps et au début de l’été. Au contraire, les débits d’hiver montrent une légère augmentation par rapport à la période de référence, en raison d’une plus grande fréquence des épisodes de pluie par rapport aux épisodes de neige.