Observations et projections climatiques dans les Pyrénées

A très haute altitude (au-delà de 1800 à 2000 m), la collecte de données devient difficile en raison du faible nombre de stations météorologiques. Malgré cela, on constate une hausse générale des températures et même si celle-ci n’a pas toujours été régulière (+1,2 °C entre 1959 et 2015 avec des années plus ou moins éloignées des moyennes), elle devrait se poursuivre d’ici la fin du siècle, de manière plus ou moins marquée selon les RCP envisagés (OPCC action climat, 2013).

Selon les résultats de l’action climat du projet OPCC, l’analyse des données de 101 séries pour la période 1959-2010 montre que le volume des précipitations a quant à lui diminué de 2,5 % par décennie sur l’ensemble des Pyrénées. Les résultats du projet CLIMPY 2016-2019 ont permis d’étendre et d’homogénéiser 1328 séries de précipitations, prolongeant la base de données transfrontalière établie jusqu’en 2015. Les résultats de ce projet de coopération montrent que si, sur le versant sud des Pyrénées, cette réduction des précipitations moyennes a été de -3,5 % de 1950 à 2015, sur le versant nord, elle s’est maintenue à -0,5 % par décennie.

L’enneigement (figures 7.4 et 7.5) présente une baisse significative depuis 50 ans et notamment sur le versant sud, avec toutefois des niveaux contrastés entre la partie occidentale et la partie orientale où les tendances observées avec les mesures disponibles ne sont pas statistiquement significatives (Projet CLIMPY 2016- 2019). Dans les Pyrénées orientales et à l’horizon 2090 (figure 7.4), l’enneigement pourrait diminuer d’environ 60 à 80 % (RCP4.5) ; cette diminution pourrait atteindre 100 % dans le cas du scénario 8.5. Cependant, ces tendances se superposent à une variabilité interannuelle élevée, qui s’explique par les fortes oscillations des températures et des précipitations dans le temps.

En ce qui concerne les projections futures, l’épaisseur du manteau neigeux dans les Pyrénées centrales pourrait diminuer de moitié d’ici 2050 à 1800 m d’altitude, et la période de permanence de la neige au sol pourrait se réduire de plus d’un mois par an (entre l’automne et le printemps). L’ampleur du phénomène montre une forte variabilité interannuelle et varie également en fonction de l’altitude, même si la sensibilité augmente à partir de 2000 m. Ce phénomène de réduction du manteau neigeux, en épaisseur et en durée, pourrait avoir des effets marqués sur les écosystèmes, le régime des cours d’eau et les activités socioéconomiques.

Globalement, malgré un fort niveau d’incertitude quant aux projections climatiques d’ici la moitié et la fin du siècle (celles-ci dépendent des scénarios d’émissions envisagés et des actions qui seront mises en place), les analyses des données météorologiques et climatiques montrent une prédominance des années sèches et des quantités de précipitations inférieures à la normale.

Figure 7.5. Évolution de la distribution statistique de l’épaisseur moyenne de neige dans les Pyrénées centrales (1800 m d’altitude) à partir de la série de l’observatoire de La Mongie dans les Hautes-Pyrénées (ligne noire continue), des simulations historiques (gris) et de la re-analyse SAFRAN (ligne noire pointillée), pour le futur de l’ensemble Euro-CORDEX, avec les RCP2.6 (bleu foncé), RCP4.5 (bleu clair) et RCP8.5 (rouge).
(Source : projet CLIMPY 2016-2019, dans OPCC, 2018).