Faire face à l’éventuelle perte progressive de la biodiversité et les modifications des écosystèmes climatique et global

Faune et flore

La faune et la flore des régions de montagne sont caractérisées par une forte endémie, et le climat apparait comme le principal facteur régulateur de l’écosystème et de la phénologie des espèces faunistiques et floristiques. Les changements climatiques risquent d’impacter de multiples manières les cycles de vie des espèces, en termes notamment de productivité, d’abondance et de diversité des populations.

Par exemple, la fonte précoce et la diminution globale du manteau neigeux exposent plus tôt et de manière plus prononcée les plantes (dont les graines seront moins protégées des gelées) et les herbes, que l’exposition au soleil pourrait faire sécher et rendre moins abondantes pour nourrir les herbivores.

Les aires de répartition seront également impactées, car certaines espèces se déplacent plus en altitude pour retrouver des conditions climatiques favorables à leur développement, mais cela les isole et les fait entrer en concurrence avec d’autres espèces.

Cette migration les expose à de nouveaux prédateurs et dans certains cas extrêmes à l’hypoxie, à des niveaux de rayons ultra-violets plus élevés, ou encore à des cycles thermiques plus contrastés auxquels ils ne sont pas adaptés.

De manière plus globale, on remarque des modifications dans les cycles phénologiques des espèces (bourgeonnement, floraison, feuillaison, fructification, jaunissement automnal pour la flore et périodes de reproduction, ponte, migration pour la faune). Certaines espèces de papillons et d’oiseaux migrateurs apparaissent déjà plus tôt dans l’année et repartent à leur lieu d’originie plus tard (OPCC, 2018).

Sur la figure 7.11, les zones en gris correspondent aux zones actuelles potentiellement favorables pour le Calotriton asper, mais qui ne le seront probablement pas à l’avenir, et les zones en noir correspondent aux zones du territoire pyrénéen qui resteront potentiellement favorables malgré les changements et les limites de dispersion de l’espèce. Les différentes couleurs indiquent le moment estimé de colonisation des nouvelles zones colonisées.

Figure 7.11. Évolution estimée de la répartition potentielle de Calotriton asper dans la chaîne pyrénéenne en 2080 par rapport à la répartition actuelle, en utilisant la moyenne des trois modèles de circulation mondiale (GCM : CCCMA, HADCM3 et CSIRO) et le scénario d’émissions SRES A2.
(Source : d’après de Pous et al., 2015 dans OPCC, 2018)

De plus, toutes les espèces n’ont pas les mêmes capacités d’adaptation et de dispersion, et sont toutes dépendantes d’interactions-clés entre faune et flore qui, lorsqu’elles sont désynchronisées, auront de multiples conséquences sur la phénologie de plusieurs espèces. Par exemple, les cycles de vie de certains mammifères comme l’isard sont « lancés » par la croissance des espèces végétales dont ils s’alimentent.

Autre espèce emblématique des milieux montagnards, le lagopède, voit la couleur de ses plumes changer en fonction de la saison : il devient blanc en hiver, ce qui le camoufle des prédateurs. Tous ces changements peuvent entraîner des modifications dans les relations proie-prédateur, parasite-hôte, herbivore-végétaux, ou encore plante-pollinisateur et causer un déséquilibre généralisé de cet écosystème riche mais fragile.

Forêts

La forêt recouvre 36 % de la région Occitanie et représente 2,6 millions d’hectares, ce qui en fait la deuxième région la plus boisée de France. La forêt occitane est composée principalement de 77 % de feuillus (chênes, châtaigniers) et 23 % de résineux (pins, sapins, épicéas) (ONF). Les fortes chaleurs risquent de freiner la croissance des populations et réduire leur capacité à stocker le carbone, de les rendre plus vulnérables aux incendies et donc limiter leur rôle de protecteur face aux risques naturels, ou encore entraîner des processus de thermophilisation.

Les forêts des Cévennes recouvrent 72 % du territoire du Parc national des Cévennes, et sont composées d’espèces très diversifiées selon le sous-ensemble concerné (influence méditerranéenne dans le sud-est et montagnarde dans le centre et nord-ouest). Les espèces méditerranéennes comme le chêne vert sont plus sensibles aux changements climatiques et présentent déjà des niveaux de dépérissement importants. Une autre essence est particulièrement fragilisée par les changements climatiques : le châtaignier, dont la production est historique dans les Cévennes et s’est caractérisée par une monoculture, exploitée sous forme de vergers.

Pour lutter contre le dépérissement de cette espèce, plusieurs stratégies d’adaptation ont été mises en place, comme la diversification des essences, le choix d’essences plus résistantes à la chaleur, mais cela a aussi permis l’expérimentation de techniques innovantes visant à réduire le ruissellement et le risque inondation (Nature 2050).

Le territoire du Haut-Languedoc, situé en moyenne montagne, se trouve à la croisée de trois influences climatiques : méditerranéenne, montagnarde et océanique. A travers le projet FORECCAsT, une quarantaine d’enjeux ont été identifiés et concernent la sylviculture, le foncier forestier et la gestion durable ; l’environnement (patrimoine naturel, forêts anciennes, biodiversité, eau, carbone, risques naturels, sanitaires et climatiques) ; la préservation des paysages ; la filière forêt-bois (politiques stratégiques, mobilisation et valorisation de la ressource locale, structuration) ; la multifonctionnalité forestière (accueil du public, produits non ligneux, lien avec l’agriculture).

L’identification et la réduction des vulnérabilités des forêts du territoire (facteurs prédisposants) permet de mieux faire face aux aléas (facteurs déclenchants), et être plus efficace en cas de crises comme celles de 2003 (sécheresses impactant les résineux), 2006 (épisodes de givre entraînant des bris de cimes et de branches), 2009 (tempête Klaus), ou encore d’autres évènements tels que des incendies (dont les probabilités d’occurrence augmentent dans le temps et dans l’espace), des maladies (scolytes, bandes rouges) ou des intempéries diluviennes (Bec, 2018).

Gestion forestière et filière bois

L’Occitanie représente entre 6 et 7 % de la production nationale de bois, avec 8000 entreprises et 32 000 emplois (Plan Montagnes 2018-2025). En 2018, le bois d’oeuvre représentait 53 % des récoltes, le bois d’industrie 30 %, et 17 % était destiné à la production d’énergie. Les récoltes en Occitanie représentent 39 % de l’accroissement naturel des forêts (IGN, 2016).

Le volume total de bois de la région croît donc chaque année. On dénombre également 333 entreprises d’exploitation forestière, dont 134 scieries en activités et 2 en projet dans la région, à Mazamet dans le Tarn et à Lannemezan dans les Hautes-Pyrénées (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Forêts).

Les méthodes de gestion forestière permettent de répondre aux défis des changements climatiques et d’adapter les forêts, mais aussi de dynamiser la filière bois, désenclaver les forêts de montagne sans porter atteinte à la biodiversité (grâce notamment aux techniques de débardage par câble), mais aussi de prévenir les risques naturels face auxquels les forêts peuvent s’avérer être un atout essentiel.