Préparer les acteurs du territoire à faire face aux phénomènes climatiques extrêmes et récurrents

L’augmentation de l’occurrence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes est constatée depuis plusieurs années dans le bassin méditerranéen. Malgré une forte variabilité en termes de niveau des précipitations et de récurrence du phénomène, l’analyse des épisodes méditerranéens montre une tendance à l’augmentation. Des facteurs tels qu’une mer Méditerranée plus chaude et des reliefs sur lesquels vient buter une masse d’air chaude favorisent l’apparition de pluies intenses, surtout à l’automne.

On observe que la fréquence du nombre d’épisodes méditerranéens où l’on dépasse les 200 mm en 24h a augmenté de 2,7 fois entre 1961 et 2015. Sur cette période, on obtient une augmentation de « +22 % sur les maxima annuels de cumuls quotidiens, avec une variabilité interannuelle très forte, qui explique la forte incertitude (de +7 à +39 %) sur l’ampleur de cette intensification » (Ribes et al., 2019). Le Gard, l’Ardèche, l’Hérault et la Lozère sont les départements les plus touchés par des épisodes apportant plus de 200 mm en 24h (en moyenne, 1 fois par an pour le Gard et l’Ardèche et tous les 1 à 2 ans pour l’Hérault et le Lozère).

Les prévisions montrent que les vagues de chaleur, les pluies intenses, les épisodes de sécheresse, qui peuvent entraîner à leurs tours des inondations, des éboulements, des glissements de terrain ou encore des avalanches pourraient se multiplier dans les années à venir. Concernant ce dernier aléa, le départ d’une avalanche est le résultat d’une interaction complexe entre terrain, enneigement et conditions météorologiques, qui peuvent conduire au glissement de neige sèche ou humide. Selon le rapport « Climate change adaptation and disaster risk reduction in Europe » (EEA, 2017), « l’activité d’avalanches de neige sèche et humide a augmenté entre 1952 et 2013 en Europe, surtout au milieu de l’hiver et à haute altitude ».

Cependant, la relation entre fréquence et magnitude des avalanches et changements climatiques est incertaine. On peut observer que les changements possibles de fréquence et de magnitude des avalanches sont liés aux changements de l’enneigement, avec une possible réduction des risques d’avalanche à basses et moyennes altitudes (suite à l’augmentation des températures en hiver), bien que des phénomènes plus fréquents de précipitations fortes puissent contrecarrer cette tendance (PLANALP, 2016).

Dès lors, un travail de préparation de la population et des acteurs du territoire est nécessaire, afin de mieux faire face aux conséquences de ces changements climatiques et notamment en termes de santé. Ces effets peuvent se caractériser dans ce domaine par la hausse des maladies chroniques et l’émergence de nouveaux virus, la détérioration de la qualité de l’air causée par la combinaison de vagues de chaleur et d’une concentration accrue d’O3 troposphérique (Andersson et al., 2007 ; Zampieri et al., 2013 ; Hertig et al., 2020 ; Gong et al., 2020), la hausse de la mortalité liée aux canicules, et de manière plus globale une dégradation de la qualité de vie (voir chapitre-enjeu Santé). Cette préparation doit permettre de mettre en oeuvre des processus d’adaptation à ces effets en travaillant sur une mutation profonde des comportements individuels et collectifs, afin de transformer les secteurs économiques et les activités dont la pérennité est mise à mal par ces phénomènes (voir chapitre-enjeu Enjeux psychosociologiques).

La viabilité des activités touristiques, qui sont un atout majeur des régions de montagnes et notamment pendant la saison hivernale, est fragilisée par les modifications de l’enneigement dont la tendance est à la baisse (voir chapitre-enjeu Tourisme). D’autres secteurs économiques essentiels au territoire tels que l’agriculture et l’élevage pourraient également être contraints. Les événements climatiques extrêmes ont des conséquences importantes sur la quantité, la diversité et la qualité des alpages (Nettier et al., 2010 ; Climfourel, 2011 ; Dumont et al., 2015). Les changements de température et d’humidité suite aux extrêmes climatiques ont également une influence directe sur l’état sanitaire (en particulier du bétail en stabulation) et le rendement de la production issue des troupeaux (voir chapitre-enjeu Agrosystèmes).

Les nouvelles conditions climatiques basées sur les projections énoncées plus haut pourraient favoriser une propagation et une prévalence accrue des maladies animales y compris celles transmises par vecteurs (Estrada- Peña et al., 2012 ; Gauly et al., 2013). Enfin, au-delà des activités économiques, il est essentiel de porter une attention particulière au bâti et aux infrastructures, qui accueillent habitants et touristes et contribuent à l’intégrité physique et la sécurité de ces derniers, qui pourraient être mis en danger lors d’évènements météorologiques (Nogués-Bravo et al., 2007 ; Rico et al., 2017), dont la fréquence et l’intensité pourraient augmenter du fait des changements climatiques.

Ces changements et évènements climatiques extrêmes ont déjà des conséquences observables dans les milieux montagnards d’Occitanie. Toutefois, des adaptations sont possibles, parfois génératrices d’opportunités pour les populations et les territoires, et nécessitent, pour leur mise en oeuvre, l’implication de toutes les parties prenantes du territoire.