Températures en hausse et fragilités sanitaires en Occitanie

Virginie HUGUES (consultante)

Accès aux soins en Occitanie

La région Occitanie présente d’assez fortes disparités quant à l’accès aux soins. Dans les métropoles de Montpellier et de Toulouse, la densité de médecins généralistes (87 médecins en équivalent temps plein pour 100 000 habitants) est supérieure à cette de la région (78) mais également à celle de la France métropolitaine (69). L’espace périurbain est caractérisé par une population avec des revenus plutôt élevés et un large accès aux services de santé. En revanche, dans l’arrière-pays méditerranéen, territoire marqué par des fragilités sociales importantes, dont un taux de pauvreté assez élevé (15 % des personnes de 60 ans ou plus vivent sous le seuil de pauvreté), l’accès aux services y est moins facile même si cette situation s’améliore autour des villes moyennes. C’est dans les territoires ruraux (l’est de l’Aveyron, le Haut-Languedoc, une grande partie de la Lozère, la Haute Ariège, l’Astarac, le Quercy Blanc, la Bouriane et le Figeacois) que l’accès aux services de santé est le plus difficile, car « 1 personne sur 6 réside à plus de vingt minutes d’au moins un des [praticiens suivants, médecin généraliste, pharmacie, kinésithérapeute, chirurgien-dentiste, infirmier], contre 1 sur 100 dans la région » (Fontès-Rousseau, Rodes, 2019). A l’échelle de la région, nous pouvons retenir que la situation sanitaire demeure plutôt positive malgré des disparités identifiées au niveau local, avec une offre de soins importante et un nombre significatif de médecins généralistes libéraux.

Exposition des populations vulnérables à la hausse des températures

L’Occitanie est à la croisée de différentes influences climatiques (montagnarde, méditerranéenne et océanique). Cette région présente des espaces très hétérogènes, en termes de reliefs, de densité de population ou encore de dynamisme économique. Sur certains territoires, comme le pourtour méditerranéen et la plaine de la Garonne, les vagues de chaleur devraient être plus fréquentes (voir chapitre-enjeu Climat régional). Or, c’est également sur ces territoires que plus de la moitié (55 %) des populations vulnérables réside (personnes âgées, jeunes enfants et populations précaires, figure 4.1). Les prévisions montrent également que les journées estivales et les nuits tropicales devraient être plus fréquentes et ce dans tous les territoires de la région (figure 4.2), avec pour conséquences une diminution de la résistance des organismes aux journées, mais aussi des phénomènes de déshydratation, une aggravation de certaines maladies chroniques, des coups de chaleur etc. Les impacts de ces vagues de chaleur sont d’autant plus importants là où est concentrée la population, dans les zones urbaines, car celles-ci, par leur constitution, favorisent le phénomène d’îlot de chaleur urbain qui devrait également s’intensifier, alors que « une personne âgée sur six et un jeune enfant sur six résident dans des zones déjà soumises à de fortes chaleurs à répétition » (Perpignan, Narbonne et sud du Gard) (Lardellier, Gautier, Guyon, 2020).

Figure 4.1. Zones de fréquence des fortes chaleurs (journées d’été et nuits tropicales) en Occitanie, pour les périodes 1976-2005 (gauche) et 2021-2050 (droite) selon le scénario RCP8.5, fréquences médianes.
(Source : Service climatique DRIAS, Météo-France, simulations Euro-CORDEX dans INSEE, 2020)

Figure 4.2. Répartition de la population et des sous-populations vulnérables en 2017 suivant la zone climatique du territoire de résidence. Sur la période 1976-2005, 16 % de la population habitait des zones avec des journées estivales et des nuits tropicales très fréquentes. Sur la période 2021-2050, cette part pourrait atteindre 55 % de la population.
(Source : Insee, Fichier démographique sur les logements et les individus 2017 (Fidéli) dans INSEE, 2020)