Santé et changements climatiques : et en Occitanie ?

Isabelle ESTEVE-MOUSSION (ARS Occitanie)

Le climat a déjà évolué en France avec une augmentation moyenne de près de 1 degré au cours du XXe siècle. La tendance pour ce siècle est à la poursuite de la hausse des températures moyennes, une augmentation du nombre de jours de canicule en été, une diminution du nombre de jours froids l’hiver et des modifications sur les précipitations tant en quantité qu’en répartition annuelle engendrant davantage de risques de sécheresses, d’incendies et d’inondations. Le territoire Occitan n’est malheureusement pas épargné par les effets de ce changement climatique et les modifications du climat vont agir le plus souvent comme des facteurs aggravants ou multiplicateurs des risques existants (voir chapitre-enjeu Climat régional).

Des impacts directs

L’augmentation de la température de l’air a un impact direct sur la santé de la population avec une multiplication des hyperthermies et des maladies cardiovasculaires ou respiratoires pouvant entrainer des pics de mortalité. Les personnes les plus vulnérables sont les jeunes enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.

Des impacts indirects

L’intensité et la multiplication des catastrophes naturelles (crues, inondations, incendies, etc.) augmente, et accroit également leurs effets sur les populations sinistrées (décès, dégradations de la qualité des logements, épidémies hydriques, etc.). L’augmentation moyenne des températures avec des pics plus élevés aura également pour effet un usage plus intensif des climatiseurs, dont le fonctionnement favorise l’effet de serre. Cette augmentation a aussi pour effet une augmentation de la température des eaux brutes qui entraine la prolifération de cyanophycées (bactéries photosynthétiques qui utilisent l’énergie solaire pour synthétiser leurs molécules organiques), dont certaines sont très toxiques (nombreux décès de chiens sur les rives du Tarn lors de bloom massifs), et peuvent entrainer des infections à l’origine de pathologies de l’appareil digestif (gastro-entérite), de la sphère ORL ou des yeux. Les eaux puisées pour l’eau potable peinent à rester sous la barre des 20 °C l’été entrainant une recrudescence des légionelles dans les réseaux de distribution et entrainant un risque accru de développement de maladies infectieuses comme la légionellose. Cette augmentation a aussi un effet sur la biodiversité notamment sur l’implantation de nouvelles espèces microbiennes, végétales et animales pouvant être à l’origine d’allergies, d’intoxications et de maladies infectieuses (voir chapitre-enjeu Eau).

L’ensemble des départements d’Occitanie sont colonisés par Aedes albopictus (dit le moustique-tigre). Ce moustique originaire d’Asie du sud a la particularité d’être un vecteur d’arboviroses tropicales. L’Occitanie a enregistré plusieurs foyers de développement autochtones de chikungunya et de dengue dont 3 transmissions en 2020. La tique Hyalomma marginatum, l’un des principaux vecteurs du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, est présente depuis 2017. Elle se fixe préférentiellement sur le cheval et a été retrouvée dans les Pyrénées-Orientales, l’Aude, l’Hérault. L’augmentation des températures est un des facteurs de son extension.

Comment atténuer ou s’adapter aux effets du changement climatique sur la santé ?

Au niveau régional et local, des dispositifs d’atténuation et d’adaptation au changement climatique existent au travers du Schéma régional climat air énergie (SRCAE) et les plans climat air énergie territoriaux (PCAET) portés par les intercommunalités de plus de 20 000 habitants. Des initiatives se développent pour encourager les modes de déplacement sains et actifs (les transports sont à l’origine d’1/4 des émissions de gaz à effet de serre), lutter contre les îlots de chaleur et développer la nature en ville (80 % des habitants de la région vivent en zone urbaine, or, les milieux urbains sont plus impactés que les milieux ruraux par l’augmentation de la température de l’air), et ainsi renforcer la lutte contre les inégalités sociales de santé car les populations les plus vulnérables sont aussi celles qui sont les moins bien protégées. En Occitanie, l’ARS et la DREAL ont mis en place un Appel à Projets où un certain nombre d’initiatives concourent à cette adaptation (voir chapitre-enjeu Mobilité, Milieux urbanisés, Biodiversité).