Perceptions des changements climatiques, rupture des habitudes et acceptation du changement

Isabelle RICHARD (Environnons)

Pourquoi un tel changement de comportement et de perception est-il difficile ?

Le changement de comportement s’intègre dans la problématique de la transition écologique et nécessite de revenir, pour comprendre sa dynamique, sur la question des habitudes et la perception des modes de vie parfois en inadéquation avec la sobriété nécessaire.Percevoir tant d’un point de vue physique que psychique les conséquences du changement climatique est une tâche difficile pour l’ensemble des individus. La difficulté cognitive à percevoir le changement climatique peut s’expliquer, entre autre, par les caractéristiques des phénomènes environnementaux en eux-mêmes qui peuvent être, perceptibles ou non, immédiats ou différés dans le temps, réversibles ou irréversibles, ou encore contrôlables ou incontrôlables (Moser, 1992).

De la même façon, tendre vers un mode de vie plus respectueux de l’environnement implique de transiter par plusieurs étapes en termes d’attitude et de comportement : c’est d’abord être sensible à l’environnement et reconnaitre les conséquences négatives de certaines de nos activités sur l’environnement à court, moyen et long terme, puis prendre du temps pour réfléchir à son mode de vie et trouver des solutions faciles et adaptées à sa vie quotidienne, changer ses pratiques et enfin agir et pérenniser son comportement en prenant en compte les impératifs d’emploi du temps. Considérant l’ensemble de ces étapes, changer ses comportements est une action souvent difficile pour les ménages qui, pris dans une routine, n’auraient pas le temps ni l’opportunité de re-questionner leur façon d’agir. Ainsi, la force de l’habitude permet d’expliquer la résistance des usagers aux injonctions du changement (Verplanken et al., 1997) rendant ainsi possible des changements dans des moments décisifs, de rupture dans le cycle de vie (déménagement, naissance d’un enfant, séparation, changement d’emploi, etc.).

Enfin, la façon dont le changement est mis en place ou requis donnerait lieu à des pensées en lien avec le sentiment de justice ou d’injustice particulièrement important dans l’acceptation du changement (Steiner et Rolland, 2006). Ainsi, plus l’individu perçoit de l’injustice dans la façon d’opérer le changement, plus il va être enclin à le rejeter. Il est donc nécessaire d’installer des politiques cohérentes allant toutes dans le sens d’une réduction de l’empreinte carbone en général.