Sentiments critiques et engagements pratiques face aux « fournaises urbaines » – Enquête en période de canicule dans cinq villes du Sud de la France

Guillaume FABUREL (U. Lyon – TRIANGLE), Fabian LEVEQUE (U. Lyon – TRIANGLE), Karl BERTHELOT (EHESS), Mathilde GIRAULT (U. Lyon), Loriane FERREIRA (U. Lyon – TRIANGLE)

Menée pour l’ONG Notre affaire à tous, cette enquête s’est déroulée en juin/juillet 2019, avec des habitant.e.s de deux villes moyennes (Nîmes et Narbonne) et trois métropoles (Marseille, Montpellier, Toulouse). Elle repose sur une démarche qualitative de 130 entretiens, d’une durée moyenne d’une heure. Cette recherche visait à interroger les vécus climatiques en milieu urbain et les engagements écologiques des habitant.e.s interrogé.e.s (voir chapitre-enjeu Milieux urbanisés).

Il en ressort tout d’abord que l’impression de « fournaises urbaines » est très largement partagée au sein de la population enquêtée. 56 % affirment que le changement climatique a déjà des effets concrets sur leurs manières de vivre au quotidien : adaptation des horaires de sommeil, concentration des sorties le matin ou le soir, ralentissement des rythmes de vie. Fait plus marquant : ces constats trouvent des relais dans des sensations et impressions de suffocation et d’asphyxie croissants.

En outre, ces ressentis font droit à un sentiment tout aussi marqué d’injustices : des inquiétudes prédominent à l’égard des populations vulnérables (enfants, personnes âgées ou isolées, sans domicile fixe) qui souffrent au quotidien de cette chaleur, mais aussi vis-à-vis des générations futures à qui l’on laisserait des situations écologiques de plus en plus invivables. Pour près de la moitié des habitant.e.s, ce sentiment prévaut à l’endroit des plus démuni.e.s, y compris vis-à-vis des migrants climatiques en provenance des pays pauvres.

Crédit photo : Pixabay

Cette enquête réalisée sur des populations citadines d’Occitanie permet de mieux comprendre les vécus et ressentis face aux changements climatiques ; elle révèle aussi des formes d’engagements, allant de changements marginaux à des engagements plus militants et radicaux. Mais quels sont les mécanismes qui freinent ou encouragent le changement vers de nouveaux comportements ? Quelques éléments d’analyse des freins et des leviers sont proposés ci-dessous.

Constats et questions de départ, d’où part-on pour agir ?

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il ne suffit pas d’être convaincu qu’un changement soit nécessaire pour qu’il soit mis en acte. Ainsi, déclarer vouloir agir et agir semblent deux choses bien distinctes, comme l’illustrent précisément les textes ci-dessous. Plusieurs phénomènes expliquent cela et leur compréhension est essentielle pour anticiper certaines actions de communication par la suite, comme la pédagogie autour de la notion d’incertitude par exemple.