Réduire l’empreinte environnementale des déplacements touristiques en Occitanie

Bruno REVELLI (UT2J – LISST)

Pour une très large majorité de Français, les vacances riment avec pompe à essence. En effet, la part des déplacements motorisés (voiture, véhicule utilitaire, deuxroues et camping-car) dans la sphère des déplacements touristiques est écrasante et en croissance : à l’échelle nationale elle s’élève à 82,5 % contre 13,5 % pour le train selon l’enquête Suivi de la Demande Touristique de 2016 (MERF, 2017). En Occitanie, l’enquête du Comité Régional au Tourisme (CRT) de 2020 présente des résultats encore plus accentués avec 87 % des sondés qui déclarent utiliser ces modes de déplacements, en particulier l’été et pour les destinations telles que la montagne et le littoral. Une fois sur place, les modes motorisés individuels restent majoritaires (89 % en Occitanie) (CRTO, 2020). Ces résultats soulignent l’ampleur des marges de manoeuvre existantes concernant le report modal en lien avec les pratiques touristiques.

Les citoyens soucieux de leurs déplacements au quotidien oublieraient-ils leurs bonnes pratiques une fois revêtus leurs shorts et sandales ? Si la question reste débattue, un nombre important d’études souligne une déconnexion notable entre les mobilités quotidiennes et celles liées aux pratiques de tourisme et de loisirs (Durif et al., 2017). Des recherches menées dans les métropoles suisses confirment que les personnes qui utilisent pourtant peu leur voiture dans leurs déplacements quotidiens y ont massivement recours dès qu’il s’agit d’activités de loisir ou touristiques (Munafò, 2016). On peut alors se demander s’il s’agit-là d’une envie de liberté et de souplesse propre à ce type de déplacements ou plutôt d’une adaptation par défaut du fait de la faiblesse des offres alternatives.

Force est de constater qu’en Occitanie comme ailleurs, le recours à des transports alternatifs n’est pas sans présenter son lot de contraintes, aussi bien en termes d’horaires, de couverture du territoire que de régularité de l’offre. Malgré ces difficultés, une autre enquête du CRT Occitanie montre une équivalence chez les jeunes entre le désir de partir en voiture (62 %) ou en train (60 %). Une autre enquête du CRT identifie les transports comme « le maillon faible du tourisme durable » et souligne que seulement 52 % des prestataires touristiques se déclarent en mesure d’accueillir des clients sans voiture. Les acteurs du tourisme sont par ailleurs 77 % à considérer que les informations fournies par les sites des acteurs institutionnels sont insuffisantes concernant les transports collectifs à destination.

Précisons que la région dispose sur son littoral méditerranéen de 11 plages accessibles en moins de 12 mn de vélo depuis une gare dont 4 sont accessibles en moins de 10 mn à pied (figure 10.7). Pour les stations de ski, on ne compte guère qu’Ax-les-Thermes et Porté-Puymorens qui disposent actuellement d’une bonne desserte ferroviaire en attendant la réouverture de la ligne de Bagnères-de-Luchon. Ces destinations ferroviaires sont actuellement valorisées par les offres promotionnelles « Skirail » ou « Train des plages » mais ces dernières attirent majoritairement un public jeune et captif. De plus, il n’existe pas d’équivalents pour des sites pourtant facilement accessibles depuis des gares régionales comme la cité de Carcassonne, Najac ou Lourdes. Un report modal significatif susceptible de toucher une plus grande diversité de profils touristiques nécessite certainement des efforts de sensibilisation aux enjeux du changement climatique dans les pratiques touristiques, aussi bien auprès des touristes que des acteurs du secteur (figure 10.8).