Les usages énergétiques des bâtiments : deuxième émetteur de gaz à effet de serre en stations de montagne

Solène ALBERT (UPVD – CRESEM)

En 2007, dans le cadre de l’élaboration de la Charte nationale du développement durable, 10 stations de ski (adhérentes à l’association nationale des maires des stations de montagnes, ANMSM) ont réalisé un Bilan carbone de leurs activités, avec l’aide de l’ADEME et de l’association Mountain Riders (ANMSM, 2007). Il en ressort notamment qu’avec 27 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), les usages énergétiques des bâtiments représentent le deuxième poste de dépenses d’émissions de GES en stations de montagne, après le transport de personnes (57 %). Les usages énergétiques des bâtiments sont répartis entre 16 % pour les activités tertiaires et 11 % pour l’habitat résidentiel. Les activités tertiaires concernent les hébergements touristiques (hôtellerie, résidences hôtelières, locations), la restauration ou encore l’organisation d’activités de loisirs (patinoires, piscines, remise en forme, cinéma, etc.).

L’activité touristique saisonnière en stations de montagne inclut des périodes d’occupation très fortement concentrées, principalement en hiver, qui nécessitent la mobilisation d’installations thermiques pour répondre aux pics de consommation. Les résidences secondaires en sont une parfaite illustration. Occupées moins de 4 semaines par an, et principalement en hiver, elles représentent entre 50 % et 75 % des lits touristiques en stations de montagne. S’ajoute à ces résidences secondaires le poids significatif des résidences en stations ayant plus de 30 ans. Utilisant majoritairement des énergies fossiles comme combustible de chauffage, ces dernières représentent environ 45 % des émissions de GES du secteur résidentiel.

Bon nombre de ces bâtiments et hébergements touristiques ne répondent plus aux normes et exigences actuelles, notamment en termes d’efficacité énergétique. Leur réhabilitation a d’ailleurs fait l’objet de la création d’un dispositif ad hoc suite à la Loi SRU de 2000 (relative à la solidarité et au renouvellement urbains). Ces opérations de réhabilitation de l’immobilier de loisir (ORIL) ont notamment pour objectif d’améliorer le parc immobilier touristique et locatif. Malgré une redéfinition de l’outil avec la loi du 28 décembre 2016 (« acte II de la loi Montagne »), ce dispositif ne semble pas, à ce jour, présenter de résultats probants. En 2010, la loi portant engagement national pour l’environnement (ENE) a été créée, fixant comme objectif l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments.

Quelques années plus tard, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (loi TECV de 2015) engage la France dans la lutte contre le dérèglement climatique, notamment en renforçant son indépendance énergétique. En 2018, une expérimentation sur la réhabilitation de l’immobilier de loisir et la transition énergétique des stations a été lancée par le Gouvernement et confiée à Atout France. 10 stations de montagne ont fait partie du programme expérimental, dont 2 situées en Occitanie : Saint-Lary-Soulan et Ax-les-Thermes (Atout France, 2015 et 2020).

Bien que les résultats de cette expérimentation nécessitent un recul de plusieurs années et que les solutions qui seront mises en place sont propres à chaque station, plusieurs grands objectifs ont pu d’ores et déjà être définis : mieux observer et piloter la destination, mobiliser et sensibiliser les acteurs locaux (notamment les propriétaires), ou encore mettre à disposition des outils d’accompagnement (financiers, humains, etc.) liés aux opérations de rénovations. Une autre station d’Occitanie s’est engagée vers la recherche de diminution de ses dépenses énergétiques, à savoir la station de Peyragudes.

En 2015, elle fut la première station française a recevoir la certification ISO 50001 sur l’exploitation, la maintenance des remontées mécaniques, le parc roulant, le damage, la neige de culture, mais également les bâtiments. Cette norme volontaire propose des modalités visant la réduction de consommation d’énergie. A travers la mesure de ses consommations et la recherche de solutions adaptées, la station a diminué sa dépense énergétique par jour d’exploitation de 5,2 %, ce qui représente la consommation annuelle moyenne de 115 foyers (Bachimon et al., 2016 ; Hatt, 2019).