Eau : Introduction

Sylvain BARONE (INRAE – G-EAU)

Ce chapitre a été produit par 17 chercheurs de différentes disciplines (hydrologie, hydrogéologie, géographie, science politique, sciences de gestion…), appartenant à une communauté de recherche régionale sur l’eau bien structurée et identifiée aux niveaux national et international. Les contributions réunies ici présentent un état synthétique et actualisé des connaissances qui s’appuie sur les derniers scénarios climatiques disponibles et contient à la fois un diagnostic de la situation actuelle et des projections vers l’avenir, notamment à 2050 et 2100. Elles proposent un aperçu des effets perceptibles ou possibles des changements climatiques sur les eaux superficielles et souterraines, les usages et les besoins, les risques et la gouvernance de l’eau, et mettent en lumière un certain nombre d’enjeux, dans un territoire aux configurations hydro-sociales extrêmement variées.

On voit ainsi se dessiner un paysage globalement marqué par des précipitations plus faibles en été mais plus fortes et plus fréquentes en automne et en hiver, une réduction de la couverture neigeuse, une augmentation de l’évapotranspiration, des déficits de recharge des aquifères plus ou moins importants selon les endroits, des débits d’étiage plus bas, une réduction des débits des fleuves côtiers et à l’inverse une augmentation (hors été) des débits dans les bassins de l’Adour et de la Garonne, des inondations par ruissellement plus conséquentes et accentuées par l’artificialisation des sols. Les impacts notables à l’horizon 2050 s’accentuent encore à l’horizon 2100 pour tous les scénarios. L’un des enjeux majeurs des prochaines années et décennies concerne bien sûr l’atteinte ou la préservation de l’équilibre, notamment en période d’étiage, entre des usages variés, évolutifs, parfosi mal connus et des ressources qui devraient structurellement s’amenuiser, et la nécessité d’intégrer pleinement dans la balance les besoins des écosystèmes. Un autre enjeu a trait à la gestion du « trop » d’eau, qui touche déjà de façon extrêmement forte certaines zones de la région.

Pour l’ensemble de ces enjeux, il est devenu évident que les réponses techniques (optimisation du fonctionnement des réseaux d’eau potable et des dispositifs d’irrigation, projets – parfois très controversés – de stockage, valorisation des eaux de pluie ou des eaux usées traitées, ouvrages de protection contre les inondations, etc.) ne peuvent plus conduire à faire l’économie de réflexions plus systémiques : sur les manières de penser et de pratiquer l’aménagement du territoire, l’urbanisme, l’agriculture, le tourisme, etc. ; mais également sur les manières de gouverner les territoires, de délibérer collectivement et de construire des compromis.

Enfin, si l’existence de résultats convergents permet de présenter un état plus ou moins stabilisé des savoirs, les contributions font état à la fois de difficultés pour extraire des tendances généralisables, d’incertitudes scientifiques toujours nombreuses (sur la prévision des débits de crue, l’évolution des usages effectifs, etc.) et de points encore peu documentés dans la littérature (par exemple sur l’impact des changements climatiques sur certains aspects de la qualité de l’eau). Elles esquissent en cela un début d’agenda pour les recherches à venir.

Crédit photo : Melkan Bassil / www.imageoccitanie.com