Contexte

Julia HIDALGO (CNRS – LISST), Christiane WEBER (CNRS – TETIS)

Quatre ensembles géographiques utiles à l’analyse territoriale

Les territoires artificialisés (tissu urbain et espaces verts associés, zones d’activités et d’équipements, infrastructures de transport) représentent en Occitanie environ 4 % du territoire régional et se concentrent très fortement sur le littoral et dans les plaines. Un regroupement en quatre grands ensembles sur la base d’entités paysagères est couramment utilisé pour l’analyse des dynamiques d’accueil et de construction, d’habitat et de consommation foncière (figure 5.1) :

  • le Massif central et ses contreforts (35 % de la superficie régionale), dont la Montagne Noire et les Cévennes constituent l’extrémité méridionale ;
  • la plaine de la Garonne et les coteaux (29 %) ;
  • le massif pyrénéen et ses contreforts (19 %), dont les Corbières forment le massif de piémont le plus vaste ;
  • les plaines, garrigues et littoral méditerranéens (17 %)

3 habitants sur 4 vivent au sein de territoires urbains

Les 43 grandes et moyennes aires urbaines regroupent 74 % de la population régionale et les espaces à dominante rurale et les petites aires urbaines représentent 26 % (soit environ 4 millions d’habitants et 1,5 million d’habitants respectivement). Parmi les aires d’attraction des villes, trois groupes se dégagent mais cachent des disparités importantes en nombre d’habitants et donc en superficie communale (figure 5.2). Les deux villescentres des métropoles ont des populations bien supérieures aux autres avec pour Toulouse environ 1,5 millions et pour Montpellier environ 800 000 habitants. Des villes comme Perpignan et Nîmes ont une aire d’attraction variant entre 300 000 et 400 000 habitants. Et ensuite, neuf autres – Béziers, Narbonne, Montauban, Albi, Tarbes, Alès, Carcassonne, Rodez et Castres – ont des aires d’attraction qui dépassent les 100 000 habitants (INSEE, 2018).

Une amplification significative du fait urbain

Entre 2013 et 2018, la région gagne en moyenne 40 300 habitants par an (+0,7 %) et cette dynamique profite avant tout aux principales villes. Au sein de la région, les territoires constituant l’armature urbaine concentrent l’essentiel du dynamisme démographique. Celui-ci est très marqué dans l’agglomération toulousaine (+1,3 % par an entre 2013 et 2018) et encore plus dans celle de Montpellier (+1,6 %). La dynamique toulousaine se répercute jusqu’à certaines agglomérations proches comme Montauban (+1,1 %), Graulhet (+1,5 %) ou Gaillac (+1,2 %). Plus à l’est, le dynamisme démographique s’observe surtout le long de l’autoroute A9 dans le chapelet d’agglomérations du littoral méditerranéen entre Nîmes et Perpignan, comme Lunel, Agde, Béziers ou encore Narbonne.

Les espaces sous influence urbaine ne cessent de s’étendre et d’accueillir des habitants et ceci depuis les années 1990. Cette expansion spatiale s’opère avant tout dans les couronnes périurbaines caractéristiques de l’étalement urbain amorcé lors des décennies précédentes. Ce phénomène de desserrement du bâti en périphérie s’accompagne également d’un renforcement de l’accueil de population dans les centres urbains. Cette attractivité devrait se perpétuer au cours des trente prochaines années même si un léger fléchissement est constaté depuis 2013. Le scénario central de l’INSEE prévoit pour l’Occitanie une population d’environ 7 millions d’habitants en 2050, soit une croissance d’environ 20 % entre 2016 et 2050 (INSEE, 2018).

Risques climatiques et zones urbanisées en Occitanie

L’accroissement de la population urbaine combiné à son étalement accroît l’exposition à divers aléas naturels et intensifie les risques auxquels les populations sont exposées. Le peuplement croissant du littoral expose les habitants et les touristes aux risques d’érosion de la ligne de côte et de submersion des zones basses, ce qui menace certaines activités vitales pour la région, comme les activités conchylicoles. La perspective d’intensification des épisodes méditerranéens constitue un risque supplémentaire compte tenu d’une urbanisation diffuse. Les événements extrêmes (pluies, inondations, vagues de chaleur…) impactent fortement les zones de peuplement ; divers aléas comme le retrait-gonflement des argiles qui endommage les structures bâties, ou les départs de feux à proximité de lieux d’habitation, mettent le territoire en tension. Les pressions liées aux changements climatiques impactent et vont impacter le métabolisme des territoires au travers des sources d’approvisionnement (agricoles, forestières, alimentaires) et de l’allocation des ressources notamment la ressource en eau essentielle aux activités (résidentielles, économiques et de loisirs). Enfin, en milieu urbain l’augmentation de l’intensité, durée et fréquence des vagues de chaleur combinées à l’effet d’îlot de chaleur urbain constitue un risque composite qui rend de plus en plus difficile la gestion du confort d’été dans cette région du sud de la France.

Une prise en compte du climat nécessaire dans la planification et l’aménagement urbains et les recherches associées

Les nouveaux aménagements urbains ne peuvent pas être planifiés dans l’ignorance de ces risques liés à l’évolution du climat à grande échelle et du microclimat urbain créé par la ville elle-même et par l’évolution règlementaire régulant les obligations des collectivités locales. Du point de vue de la recherche, de nouvelles questions interdisciplinaires doivent être adressées : comment gérer l’accroissement de la demande de confort thermique en été dans le sud de la France ? Comment favoriser des choix d’aménagement privilégiant des espaces de végétation dans un marché foncier en tension ? Comment allouer une répartition de la ressource en eau de manière efficace ? Comment mettre en place des pratiques « sobres » en énergie dans un monde connecté ?

Dans ce chapitre sont abordés divers points permettant de comprendre le contexte climatique des zones urbanisées et les différents leviers d’action (figure 5.3). Le rôle joué par l’îlot de chaleur urbain (ICU), les formes urbaines, les matériaux et les activités anthropiques sont autant de points d’entrée à la compréhension des phénomènes physiques mis en jeu dans le climat (rayonnement, convection, conduction, écoulement d’air, transport, diffusion de l’humidité et changement de phase) et de processus sociaux concernés (activités antrophiques et usages).

Figure 5.1. Principales villes et grands ensembles géographiques.
(Source : Dynamiques d’Occitanie, 2017).

Figure 5.2. Population des aires d’attraction des villes d’Occitanie de plus de 100 000 habitants (dont la commune centre est située dans la région).
(Source : INSEE, 2018).
* y compris les communes situées en dehors de la région.

Figure 5.3. Typologie climatique sur la France.
(Source : Joly et al., 2010, cartographie réalisée par Tom Garet pour le CROCC_2021)