Éric IMBERT (UM – ISEM)
Actuellement, les mesures de gestion de la biodiversité conduites in situ sont essentiellement en lien avec une gestion de l’habitat (restauration des milieux ouverts, maintien d’une trame paysagère…). Les menaces plus globales, comme celles associées aux changements climatiques, nécessitent de réfléchir à des nouvelles actions de gestion (voir chapitre-enjeu Biodiversité).
Par exemple, pour la gestion des cultures forestières, le déplacement volontaire d’une espèce dans un territoire situé en dehors de son aire actuelle de distribution, mais potentiellement favorable dans le futur, est préconisé. Une autre voie de réflexion est celle des micro-refuges qui consiste à définir, dans l’aire de répartition actuelle d’une espèce donnée, des zones ayant des micro-climats où les effets du réchauffement climatique seraient moins importants. Cette approche est applicable pour des espèces avec des aires de répartition suffisamment vastes pour que des zones de micro-climats puissent se trouver.
Pour des espèces à faible aire de répartition, les micro- endémiques comme la Centaurée de la Clape, une combinaison des deux approches est possible en théorie mais la mise en oeuvre semble difficile. Par ailleurs, les composantes de la niche écologique des espèces autres que celles associées à la niche bioclimatique doivent aussi être considérées. Par exemple, lors des translocations, la réflexion nécessite d’intégrer les pollinisateurs associés à l’espèce végétale concernée.
Dans la mesure où vouloir gérer l’ensemble des axes de la niche écologique des espèces semble illusoire, une autre approche à considérer est celle du maintien de la capacité des populations naturelles à répondre aux changements environnementaux. Il s’agit alors de conduire des actions de gestion pour conserver les espèces non pas sous leur forme statique mais comme des entités dynamiques capables d’évoluer et de faire face à des changement environnementaux, ce qui passe par le maintien de la diversité génétique dans les populations naturelles, objectif reconnu dans la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) 2011-2020.
De manière opérationnelle, le renforcement des populations représente une action de gestion qui combine à la fois un effet immédiat de rescousse démographique, avec l’apport de nouveaux individus réduisant l’effet des événements stochastiques, et un effet plus diffus dans le temps de rescousse génétique avec l’apport d’une diversité génétique, éventuellement nouvelle si l’on combine le renforcement à des mélanges de populations.
