Éric IMBERT (UM – ISEM)
Depuis 1994, un suivi individu-centré est réalisé sur la centaurée de la Clape (Centaurea corymbosa), espèce végétale endémique du massif de la Clape, situé à côté de Narbonne. Les données récoltées ont permis d’associer les transitions démographiques (survie, reproduction…) avec les conditions climatiques, en utilisant les données de la station INRAE de Pech Rouge. Ainsi, chaque matrice de transition peut être associée à des conditions de température (figure 2.9. Panneau de gauche) ou de sècheresse (figure 2.9. Panneau de droite) normales ou extrêmes (moyenne ±1 écart-type).
Dans les conditions actuelles (la courbe bleue, fréquence des événements extrêmes q*, correspond aux observations sur la période 1994-2016), la probabilité d’extinction résulte en partie de la stochasticité démographique. Si la fréquence des événements extrêmes augmente (variation du paramètre q), la probabilité d’extinction augmente et atteint la valeur seuil de 1 plus rapidement. Le scénario d’augmentation des températures (à gauche) a plus d’effet que celui d’augmentation de la sècheresse (à droite). Selon les modèles de prévision climatique sous les conditions RCP4.5, il est attendu des valeurs de q=0,78 pour la température et q=0,15 pour la sècheresse pour l’horizon 2099. Ce travail montre la sensibilité des espèces méditerranéennes aux changements climatiques et illustre l’importance de l’acquisition des séries temporelles sur le long terme pour la compréhension des systèmes biologiques.

Plante en fleurs de Centaurea corymbosa.
(Crédit photo : É. Imbert)

Figure 2.9. Probabilité d’extinction d’une population de centaurée de la Clape en fonction de la fréquence des années chaudes (panneau de gauche) ou du nombre annuel de jours de pluie (panneau de droite). Le modèle a été calibré en prenant en compte les paramètres de la plus grande des 6 populations de Centaurea corymbosa. Des résultats similaires sont obtenus pour les autres populations.
(Source : Imbert, 2021)